3.13.2011

Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre ; par la résistance il assure la liberté. Alain.

Cinq jeunes, Cinq martyrs...
          
          Jeunes et insouciants, ces cinq garçons ont osés se confronter à l'occupant nazi, à inciter leurs camarades à résister.  Aujourd'hui on les appelle les cinq martyrs du lycée Buffon.   
  
Jean-Marie Arthus, Pierre Grelot, Paul Maurice Legros, Pierre Benoit et Jacques Baudry, ces jeunes lycéens étaient présents lors de la manifestation du 11 Novembre 1940, ils s'engagent alors dans la résistance, installant une petite imprimerie chez l'un, ils distribuent des tracts, prennent des surnoms, et commettent des attentats sans faire de dégâts, leur façon à eux de lutter contre l'oppression.  
Mais les 3 et 4 Juin Baudry, Legros, Arthus et Grelot sont arrêtés sur dénonciation suivi deux mois après par Benoît. Ils furent pendants quatre mois internés dans la prison de Fresnes. 
Le 15 Octobre 1942 le verdict tombe, ils sont condamnés à mort par le tribunal militaire allemand. Ils seront exécutés le 8 Février 1943 à 11h au stand de tir d’Issy-les-Moulineaux. Et jetés dans la fosse commune.   

              C'est en faisant des recherches que l'on est tombé sur les lettres écrites par les jeunes garçons juste avant leur exécution, elles nous ont particulièrement touchées. Elles nous ont confrontées à l'atrocité de cette guerre, d'autant plus qu'ils avaient environ notre âge. 

Pierre Benoit : 

         "Mes Chers Parents, Chers amis, C’est la fin !...
On vient de nous chercher pour la fusillade. Tant pis. Mourir en pleine victoire, c’est un peu vexant, mais qu’importe !... Le rêve des hommes fait événement... Nano, souviens-toi de ton frangin. Jusqu’au bout, il a été propre et courageux, et devant la mort même, je ne tremble pas. Adieu, petite Maman chérie, pardonne-moi tous les tracas que je t’ai fait. J’ai lutté pour une vie meilleure ; peut-être un jour, tu me comprendras ! Adieu, mon vieux Papa. Je te remercie d’avoir été chic avec moi. Garde un bon souvenir de ton fils. Tototte, Toto, adieu, je vous aimais comme mes propres parents. Nano, sois un bon fils, tu es le seul fils qui leur reste, ne fais pas d’imprudence. Adieu tous ceux que j’ai aimé, tous ceux qui m’aimaient, ceux de Nantua et les autres. La vie sera belle. Nous partons en chantant. Courage. Ce n’est pas si terrible après six mois de prison. 
Mes derniers baisers à vous tous."

Lucien Legros : 
 
Mes Parents Chéris, mon Frère Chéri,
 Je vais être fusillé à onze heures avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres, car c’est pour le plus bel idéal. J’ai le sentiment, à cette heure, d’avoir vécu une vie complète. Vous m’avez fait une jeunesse dorée : je meurs pour la France, donc, je ne regrette rien. Je vous conjure de vivre pour les enfants de Jean. Reconstruisez une belle famille …
Jeudi j’ai reçu votre splendide colis : j’ai mangé comme un roi. Pendant ces quatre mois, j’ai longuement médité : mon examen de conscience est positif, je suis en tout point satisfait. Bonjour à tous les parents et amis. Je vous serre une dernière fois sur mon cœur."

3.12.2011

On résiste à l'invasion des armées, on ne résiste pas à l'invasion des idées. Victor Hugo

          Bienvenue sur notre blog, nous sommes 4 collègiennes du collège Marie Curie Pignan. Ce blog sera notre support pour notre candidature au concours de la résistance qui a pour thème "La répression de la Résistance sous Vichy".
              
        Nous avons choisi d'aborder un sujet qui nous a touché particulièrement, la Répression des jeunes résistants.
On vous laisse à présent découvrir notre travail, en espérant qu'il vous ait apporté quelque chose.

Je me révolte, donc je suis. Albert Camus.

11 Novembre 1940, une Manifestation estudiantine fortement réprimé.

         L'envie d'agir ce jour s'est agrandi à la suite d'interdictions promulguées par le préfet de police Roger Langeron sur ordre des autorités d'Occupation.
Vingt ans après la manifestation, "L'Aurore" publie un article de témoignage, ils justifient leur présence à ce rassemblement : "Pourquoi y étais-je ? Vingt ans après, je peux vous dire que c'est sans doute parce que deux jours avant, le proviseur du lycée Buffon était passé dans les classes pour nous dire de ne pas manifester le 11 Novembre".
Ainsi pour préparer la manifestation les jeunes se passent des tracts de collèges en lycées, d'universités en facultés, tous avec le même message :
"Etudiants de France
Le 11 Novembre est resté pour toi jour de fête nationale.
Malgré l'ordre des autorités opprimantes, il sera jour de recueillement.
Tu n'assistera à aucun cours.
Tu iras honorer le Soldat Inconnu, à 17h30.
Le 11 Novembre 1918 fut le jour d'une grande victoire.
Le 11 Novembre 1940 sera le signal d'une plus grande encore.
Tous les étudiants sont solidaires pour que
Vive la France !
Recopie ces lignes
Et diffuse-les."
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       Cinq heures du matin, arrivée des premiers groupes manifestants. Ils se forment aux quatre coins de Paris, dans le même but de se rejoindre sur les Champs-Elysées. Chacun dépose sa gerbe de fleurs, et même si le portrait du Général de Gaulle déposé par un manifestant disparaît mystérieusement, les policiers laissent tout le monde se recueillirent, en s'exclamant calmement "qu'il ne faut pas former d'attroupements car c'est interdit".
On pourra noter un incident en fin de matinée, un groupe d'une centaine de jeunes filles défilant bruyamment avec une cocarde tricolore fut immédiatement dispersé par les policiers et durent toutes enlever ce qu'elles arboraient à la boutonnière de leur veste. Un professeur de sciences naturelles du lycée Lakanal, René Baudoin, dissimulé au milieu du groupe, proteste bruyamment contre l'arrivée de la police ; il fut embarqué et conduit au poste de police.
        C'est enfin vers 16 heures que les premiers groupes de lycéens font leur apparition, de ce fait la tension monte progressivement.
        18 heures. Arrivée d'une section d'infanterie allemande qui prend position au rond-point des Champs-Elysées. Les soldats sont armés : baïonette au canon d'un fusil mitrailleur d'une bande souple,  ils sont démesurément impressionants. Leur arrivée soulève un cri de colère parmi les lycéens et les étudiants ; les insultes et quolibets fusent, des jeunes Français en aucun manque de courage s'approchent des soldats, prêts à les braver, en les provoquant.
        Le face-à-face explose en bagarre ; les Allemands chargent en premier :  coups de crosse et coups de poing pleuvent des deux côtés.
Aucun passant n'est épargné, des femmes s'évanouissent, des hommes cherchent à protéger leurs enfants. Indénombrable est le nombre de visage portant des marques et des plaies sanglantes. La police française vient prêter main-forte aux soldats allemands et procèdent à des arrestations parmi la jeunesse et les badauds. La bagarre d'amplifie de plus en plus, opposant la jeunesse estudiantine aux forces de l'armée française et aux Allemands.
        Mais bien évidemment les manifestants n'ont ni le matériel ni l'expérience de leur ennemi et sont pour la plupart collés face au mur, mains jointes sur la tête, ou traînés vers des camions militaires après avoir été fouillés préalablement.
        Des camlions allemands débouchent alors de l'avenue Georges V, s'immobilisent sur les Champs-Elysées et desquels sortent des soldats. Ces derniers se précipitent et réprimandent tout ce qui peut ressembler à un étudiant français. Des rafales de coups de poing s'abattent sur les visages, des corps sont jetés et martelés au sol, cassant des côtes sous leurs gros sabots, la victime aux multiples fractures et saignements peine à se relever.
        Les trottoirs sont soudainement envahis par de petites voitures militaires allemandes, poursuivant les manifestant en zigzagant à vive allure. Les voiturettes heurtent volontairement les passants, les projetant face contre le bitume, et roulent sur les corps tombés.
        Des coups de feu retentissent ; la confusion sur la chaussée et sur les trottoirs est totale. On se précipite à l'abri dans les immeubles, ceci n'étant pas encore dotés de digicode on pouvait s'y introduire sans problème.
        C'est la folie. Tout le monde court dans tous les sens, se cognant entre eux, faufilant au passage quelques insultes, la peur broie le ventre de chacun.
En quelques minutes, les rues sont désertes. Alors que les policiers avaient laissés s'installer et grandir des files composés de badauds et de manifestants, ils décident d'évacuer la Place de l'Etoile, où chacun attendait dans le silence le moment où il pourrait déposer son bouquet de fleurs sur la tombe du Soldat Inconnu. Les forces de l'ordre décident sans crier de les disperser, cependant personne ne bouge. Des agents tentent alors de repousser les gens de l'Arc de Triomphe, sans toutefois y parvenir. La colère monte : faisant appel à leurs collègues qui accourent des rues voisines, ils sont prêts à entrer en action. Le choc entre la police et la foule est d'une grande violence. Après l'arrivée des soldats, la révolte monte d'un cran : les occupants sont poussés hors du terre-plein à coups de crosse de revolver, à coups de pieds et aux gifles.
          Peu à peu, le nombre de victimes s'amplifient et certains résistent encore. Traînés, battus, ensanglantés, jetés dans des camions, les manifestants ont éprouvé de la surprise face à l'aggressivité déployé par la répression allemande.
Les archives (ou du moins ce qui est consultable à la préfecture de police) et les témoignages - même si le dossier concernant la manifestation du 11 Novembre 1940 a été vidé - permettent de connaître quelques chiffres: le nombre de manifestants enregistré ce jour-là est estimé à deux mille cinq cents ; les arrestations, elles, à mille quarante et un. On compterai officiellement quinze blessés parmi les lycéens et les étudiants.

2.12.2011

Le courage est la résistance à la peur. Mark Twain

       Une grande partie des lycéens, étudiants, collègiens, jeunes paysans et apprentis n'acceptent pas cette abdication des plus âgés face à l'ennemi nazi ; c'est pourquoi ils décident, dès le mois de Novembre 1940, de contredire la population qui s'enfonce jour après jour dans la collaboration. Collèges, lycées, facultés, universités, de la ville à la campagne, naît alors un mouvement de révolte, de refus.


       Le 11 Novembre 1940 sera la première grande manifestation de la Jeunesse ; à Paris, plus de deux mille cinq cents jeunes seront réunis sur les Champs-Elysées. Et même s'ils n'ont pas encore élu leur "leadership", leur objectif consistera à déposer des fleurs sur la tombe du Soldat Inconnu. L'information de ce rassemblement, avant la date, se fera par tract, petits papiers ou encore à l'oral, le tout circulant entre jeunes, de bouche à oreille, promettant un grand rassemblement.
      Mais ils ne se rendront pas compte de l'impact à l'échelle mondiale qu'eût ce 11 Novembre 1940, le général de Gaulle les félicitera vivement depuis Londres pour leur bravoure qui donne encore espoir à un avenir français ; d'ailleurs, des journalistes états-uniens, présents à Paris (les Etats-Unis n'étant pas en guerre) avaient pu relater l'évènement à leur pays.
      Cette manifestation représentera "l'introduction" d'un vaste mouvement étalé partout en France: naissent alors dans des établissements scolaires des réseaux de Résistance dont l'âge s'échelone de 14 à 18 ans. Le plus surprenant sera surtout leur entrain, leur maturité et leur à-propos qui les pousseront à agir sans reculer face au danger, sans le moindre sentiment d'effroi.
      Pourtant ils paieront un lourd tribut pour cette lutte contre l'occupant nazi: otages, torturés, emprisonnés ou même fusillés, les Nazis resteront impartiales même devant leur jeunesse ; ils ont souvent le seul droit d'envoyer une dernière lettre à leurs proches, prouvant sans verser une quelconque larme leur courage et leur sérénité avant la dernière heure, qu'ils se seront battus à mort pour leur chère patrie au rêve français.
      C'est d'ailleurs la même Jeunesse que l'on retrouve dans les unités combattantes de l'armée de libération, après la formation militaire dont elle a bénéficié à l'Ecole des Cadets de la France Libre.


      Désormais des questions se posent: Que voient les historiens en ces "mômes" révoltés, qui, pourtant, ont ravivé la flamme de la Résistance française sous la pression nazi ? Les cadets de la République ne mériteraient-ils pas plus de gloire alors qu'ils ont su braver coups, tortures et emprisonnements pour leur avenir ?


      Ce blog tient particulièrement à retracer modestement cette jeunesse patriotique qui a su braver cette forte répression sous Vichy dont on ne parle pas suffisament.